Lettre ouverte – Une loi pour la Caisse de dépôt et placement du Québec à la hauteur de l’urgence environnementale

Signataires :
Krystel Marylène Papineau et Sébastien Collard, respectivement responsable et porte-parole de la Coalition Sortons la Caisse du carbone
Béatrice Vaugrante, directrice générale de Oxfam-Québec

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Nous sommes des millions de travailleuses et travailleurs à cotiser à notre fonds de pension géré par la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ). Mais notre « bas de laine » collectif n’est plus en phase avec son époque. La perspective de faire du rendement au détriment du respect au droit à un environnement sain nous inquiète et nous semble fort contre-productive. Nous sommes d’avis qu’il faut s’assurer d’aligner les investissements de la CDPQ avec des critères plus larges que la seule rentabilité et le développement du Québec.  La Loi sur la Caisse de dépôt et placement du Québec qui l’encadre doit être modernisée pour placer l’humain et la planète au centre de ses décisions.

Repenser la mission de la CDPQ 

La mission de la Caisse, inscrite dans la Loi, doit refléter les enjeux de notre temps. L’urgence climatique et l’effondrement de la biodiversité, le non-respect des droits humains, dont ceux en particulier des droits des peuples autochtones, demandent des changements et des efforts considérables des entreprises, du secteur financier et de la société dans son ensemble pour contrer ces crises sociales et environnementales interdépendantes. Ces défis nous obligent à repenser en profondeur la mission même de nos institutions, incluant la CDPQ. 

Le secteur financier peut et doit faire preuve de leadership

Nous ne pouvons restreindre le mandat de nos institutions du secteur financier à celui de générer du rendement et du « développement économique » au détriment des sphères environnementales et sociales. Nos investissements doivent être durables, respectueux des engagements internationaux sur le climat, de la biodiversité, des droits humains, dont ceux des peuples autochtones, qui sont étroitement liés. Les crises du climat et de la biodiversité affectent particulièrement les groupes déjà défavorisés : les femmes, les peuples autochtones, les personnes pauvres et les jeunes.

La CDPQ, un des fonds de pension les plus importants dans le monde, ne fait pas exception. Une évaluation et une reddition de comptes des impacts sociaux et environnementaux de ses investissements s’imposent.

L’utilisation du pouvoir législatif : une mouvance internationale

Bien que la Caisse se soit engagée à désinvestir du pétrole, il demeure que rien dans la Loi sur la CDPQ ne l’oblige à être cohérente avec cette décision. Dans sa forme actuelle, par exemple, la Loi accorde explicitement à la CDPQ le droit d’investir dans l’acquisition et l’exploitation de ressources pétrolifères et gazières. Il suffirait donc d’un changement dans la direction de l’institution pour ainsi renverser les orientations actuelles. Cette seule possibilité est inacceptable.

Le pouvoir législatif peut être utilisé pour aligner les entreprises et institutions sur les enjeux sociaux et environnementaux importants et limiter les impacts néfastes de leurs investissements. Le Better business Act en Angleterre ou le projet de Loi californienne The Fossil Fuel Divestment Bill en sont des exemples concrets. Ici même au Canada, le projet de Loi sur la finance alignée sur le climat, présenté par la sénatrice Rosa Galvez, obligerait notamment les banques à aligner leur cible de réduction des gaz à effet de serre avec celles du gouvernement canadien. La modification de la Loi sur la Caisse de dépôt et placement du Québec s’inscrit dans cette mouvance canadienne et internationale. 

Une loi à la hauteur de l’empreinte carbone du secteur financier

L’Assemblée nationale, en modifiant la mission de la Loi sur la CDPQ, telle que proposée par les signataires, a le pouvoir d’assurer aux Québécoises et Québécois que les investissements réalisés avec l’argent de leur retraite seront rentables, et qu’ils auront également un impact bénéfique durable pour les populations et pour l’environnement. Cette loi doit être à la hauteur du défi que représente l’empreinte carbone colossale du secteur financier. 

La Loi sur la Caisse de dépôt et placement du Québec doit à présent représenter les efforts collectifs que nécessitent l’urgence climatique et la crise de la biodiversité pour protéger le bien commun et les intérêts des futures générations. Une solidarité intergénérationnelle s’impose pour assurer à nos enfants un environnement sain et sécuritaire. 

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