Réaction au Rapport d’investissement durable de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) : des engagements respectés, et d’autres à prendre rapidement 

Montréal, 17 avril 2023 – En réaction à la présentation du Rapport d’investissement durable 2022 de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), la Coalition sortons la caisse du carbone a formulé les commentaires suivants:

Nécessité de cibles de réduction des GES plus ambitieuses et en absolu
La Coalition Sortons la Caisse du carbone souligne la réduction de 53 % de l’intensité carbone du portefeuille de la Caisse par rapport à 2017, réduction qui se rapproche de l’objectif de 60% que vise la CDPQ pour 2030. Les réductions en intensité obtenues par la Caisse en quelques années démontrent que la Coalition avait raison d’exiger une cible beaucoup plus ambitieuse de la part de la CDPQ qui doit absolument se doter également d’objectif de réduction des gaz à effet de serre (GES) en absolu.  

« La CDPQ a dévoilé pour la 1re fois, dans ce rapport, la réduction de ses émissions en termes absolus en parallèle de celles en intensité. Le graphique qu’elle présente montre clairement qu’un rebond des marchés, dans une année où les émissions de ses placements demeurent stables, entraîne un gain en intensité et vice-versa. Considérant les problèmes de la mesure en intensité et le fait que la Caisse réussit à diminuer ses émissions en absolu, seul le manque de leadership explique son refus d’accéder à notre demande de se doter d’une cible en absolu pour 2030. », explique Sébastien Collard, porte-parole de la Coalition Sortons la Caisse du carbone.

La CDPQ doit également se conformer aux critères de la campagne Race-to-Zero de l’ONU d’ici le 15 juin prochain, dont celui exigeant de rapporter les émissions des divers secteurs d’investissement en termes absolus. En effet, en fonction des critères minimaux requis pour la participation à la campagne Race to Zero, la CDPQ doit selon ces critères établis

 « […] Fixer un objectif intermédiaire à atteindre au cours de la prochaine décennie, qui reflète un effort maximal pour atteindre ou dépasser une part équitable de la réduction mondiale de 50% du CO2 d’ici 2030. Les objectifs doivent couvrir toutes les émissions de GES : 

1. Y compris les champs d’application 1, 2 et 3 pour les entreprises et autres organisations ; 
2. Comprenant toutes les émissions territoriales pour les villes et les régions ; 
3. Pour les entités financières, inclure toutes les émissions du  portefeuille/financées/facilitées/assurées; 
4. Comprenant les émissions terrestres. […] ». 

La CDPQ doit utiliser son pouvoir d’actionnaire à bon escient
La CDPQ doit exiger des cibles ambitieuses de la part des entreprises dans lesquelles elle investit, doit prêcher par l’exemple en adoptant elle-même des cibles qui respectent la science du climat et utiliser son pouvoir d’actionnaire en votant en faveur du climat lors des assemblées générales des actionnaires afin d’influencer les entreprises. Une analyse de Investors for Paris Compliance (I4PC) produite récemment a démontré que l’an dernier, « la Caisse a voté dans une proportion de 67 % CONTRE des résolutions à caractère environnemental présentées lors d’assemblées annuelles de banques canadiennes ainsi que d’entreprises nord-américaines des secteurs des hydrocarbures, de la fabrication et du commerce de détail. » Encore tout récemment, la CDPQ a voté contre une importante résolution présentée par le New York Comptroller  lors de l’assemblée annuelle de la Banque Royale du Canada (RBC) qui demandait l’adoption de cibles absolues de réduction de gaz à effet de serre.

Actionnaire d’entreprises controversées

La Coalition souligne également que la sortie de la production de pétrole qu’elle s’était engagée à effectuer avant décembre 2022 est essentiellement complétée (des actions d’une valeur de 200 millions restent à liquider à la fin de 2022), cependant la CDPQ demeure encore à ce jour actionnaire d’entreprises controversées, dont ceux dans TC Energy (366 millions $ en actions et obligations) qui finance le projet de gazoduc Coastal Gaslink, qui a été maintes fois pointé du doigt pour le non-respect de la communauté Wet’suwet’en. En ce qui a trait au respect des droits humains et des droits des peuples autochtones, la méthodologie pour évaluer les investissements potentiels de la CDPQ demeure opaque et peu expliquée dans son plus récent rapport d’investissement durable. « Ce n’est pas tout d’indiquer des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG); la CDPQ doit être en mesure de démontrer comment ces critères sont appliqués concrètement », explique Sébastien Collard. La Coalition rappelle également que la CDPQ demeure encore à ce jour actionnaire de la compagnie G4S, très critiquée pour le non-respect des droits humains. 

La CDPQ doit sortir du gaz
Bien que ses efforts de désinvestissement des énergies fossiles aient porté fruit, la CDPQ demeure la principale actionnaire d’Énergir (80,9 %). Son rapport ne chiffre pas la valeur de ses investissements dans le secteur gazier.  « Le gaz fossile ne devrait plus être considéré comme une énergie de transition, tel qu’indiqué dans le plus récent rapport de la Caisse. En plus de comporter des risques environnementaux et sociaux*, la vision stratégique de la Caisse présente un angle mort quant aux impacts financiers de la transition vers les énergies renouvelables sur le secteur du gaz fossile. La CDPQ fragilise ainsi la retraite de ses cotisants. », souligne Sébastien Collard.
*(voir le site de la campagne Sortons le gaz !)

Moderniser la Loi sur la Caisse
Finalement, la Coalition Sortons la Caisse du carbone rappelle qu’elle demande que la Loi sur la Caisse de dépôt et placement du Québec soit modernisée afin qu’elle reflète le contexte de l’urgence climatique actuelle en ce qui a trait à la mission ainsi que la reddition de compte de la CDPQ. 

À propos de la Coalition sortons la caisse du carbone: 
Par le biais de la recherche, de la vulgarisation, de la critique, et de l’exposition médiatique nous exerçons une pression constructive sur la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) afin qu’elle devienne un leader de la transition écologique juste et un catalyseur de changement dans le secteur financier, notamment par le désinvestissement des énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz naturel) et qu’elle s’aligne avec la science du climat, tout en respectant les limites des écosystèmes, les droits des peuples autochtones et les droits humains. Les membres de la Coalition sont Eau Secours, Greenpeace Canada, Justice climatique Montréal (JCM), Mobilisation environnement Ahuntsic-Cartierville, le Projet de la réalité climatique Canada et la SNAP Québec. 

-30 –

Pour information : 

Krystel Marylène Papineau

Responsable de la Coalition sortons la Caisse du carbone

krystel.papineau@sortonslacaisseducarbone.org

438 492 6537 

Sortons la Caisse du carbone © 2022 | Tous droits réservés

Site web réalisé par QUiNTUS